Genève, de notre correspondant.
Les révélations sur les tortures infligées à des prisonniers irakiens par les forces américaines qui les détenaient pour interrogatoire ont provoqué une onde de choc qui est loin de s'arrêter. Chez les juristes, la qualification de ces sévices est pratiquement unanime : «Il s'agit de crimes de guerre. Les forces d'occupation ont violé les troisième et quatrième conventions de Genève», affirme, à Libération, Théo Van Boven, le rapporteur de l'ONU sur la torture. Pour Marco Sassoli, spécialiste du droit international humanitaire à l'université de Genève, «la qualification de crime de guerre s'impose. Du reste, les Américains ne semblent pas la contester. La question est de savoir qui, au-delà des simples exécutants, est juridiquement responsable ?» Une question à forte charge politique. La thèse de Washington, réaffirmée ce lundi par le président Bush est simple : il ne s'agit que de quelques brebis galeuses qui ont commis des actes abjects, sans que le commandement américain porte lui-même une responsabilité. Or, le rapport du CICR dévoilé par le Wall Street Journal démolit cette approche : il y apparaît que les prisonniers, considérés à «haute valeur ajoutée» en terme de renseignement, étaient soumis de manière systématique à des tortures : «Les méthodes de violence psychologique et physique utilisées lors des interrogatoires semblent faire partie des procédures standard afin d'obtenir des informations des prisonniers. Des officiers supérieurs