Roger Cukierman, 67 ans, a été réélu hier avec 80 % des voix, pour un deuxième mandat de trois ans, à la tête du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). Son adversaire Serge Hajdenberg n'a recueilli que 11 % des voix. Arrivé en pleine deuxième Intifada à la tête de cette structure laïque communautaire, devenue l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, il s'est fait connaître pour un franc-parler parfois proche de l'invective. Sa formule selon laquelle l'antisémitisme serait le fruit d'une alliance informe «rouge-vert-brun» (extrême gauche, islamisme et extrême droite) avait créé la polémique il y a deux ans. Il voit son prochain mandat comme plus ouvert vers la société en général, et non plus tourné vers la seule communauté juive.
Quelle sera votre priorité pour les trois ans à venir ?
Je souhaite ardemment que l'antisémitisme ne soit plus à la une des journaux. Le Crif continuera à être une sorte de vigie citoyenne, mais nous allons intensifier notre travail avec les pouvoirs publics.
Précisément, il y a trois ans, vous dénonciez une sorte d'indifférence de leur part...
La situation a complètement changé. Au niveau des ministères de l'Intérieur, de la Justice et de l'Education nationale, qui a fait un travail remarquable. Même le tabou qui faisait qu'on ne voulait pas parler d'antisémitisme lorsqu'il était provoqué par des jeunes issus de l'immigration a sauté... La pédagogie est essentielle pour combattre l'antisémitisme, mais c'est du très long