Même si on compte parmi ses fondateurs Eric Gehbali, alors président de l'Union des étudiants juifs de France, les vingt ans d'existence de SOS Racisme ne l'ont pas inscrit prioritairement dans la lutte contre l'antisémitisme. Née dans les années 80, dans la foulée de la Marche des Beurs, l'association est surtout connue actuellement pour ses «testings» à répétition contre les discriminations antimaghrébines ou anti-Noirs. Sa présence à cette manifestation pourrait donc faire croire à un changement d'orientation idéologique.
«Banalisation». «Nous sommes fidèles à notre vocation», estime son jeune président, Dominique Sopo, qui a rencontré «un enthousiasme unanime lorsque les militants ont été informés de la manif». Le problème de l'antisémitisme est à ses yeux aussi aigu que les autres racismes. «La France n'est pas un pays antisémite, ni un pays raciste. Mais, de même qu'il y a des discriminations contre les Français issus de l'immigration, en matière d'antisémitisme il y a des digues qui ont sauté. Et notre pédagogie consiste à provoquer une réaction civique comme nous l'avions fait après l'affaire de Carpentras, alerte Dominique Sopo. Nous avons décidé cette manifestation après avoir constaté qu'il ne se passait pas un jour sans actes antisémites. C'est contre cette forme de banalisation que nous avons voulu réagir. Les groupes néonazis veulent éprouver la capacité d'indignation du pays. Nous voulons leur montrer qu'après les institutions, la société est capable de se leve