Sur le mariage gay, depuis quelques semaines, on a tout entendu et le contraire de tout. Politiques, sociologues, médecins, psychanalystes, beaucoup sont montés au front avec des arguments aussi péremptoires que contradictoires. Un débat aussi enflammé avait eu lieu, il y a quelques années, avant l'adoption du Pacs. Vertus de l'expérience et du temps qui passe : ce qui semblait il y a quelques années encore une formidable avancée le Pacs est aujourd'hui entré dans les moeurs, contrairement à ce que semblait craindre Jacques Chirac fin avril en s'opposant au mariage homosexuel. Qui en conteste encore l'existence ?
Plus encore : à l'épreuve de ses quelques années de pratique, ce pacte a montré toutes ses insuffisances et son caractère bien timoré. Le mariage et le Pacs ne donnent absolument pas les mêmes droits, qu'il s'agisse des problèmes de fiscalité, de succession ou de titre de séjour quand on est étranger. Cette distorsion évidente fonde aujourd'hui la revendication du mariage gay au nom de l'égalité des droits. Elle suffit à la légitimer, sans avoir à entrer dans toutes les doctes arguties morales qu'on entend ici et là: y aurait-il donc des citoyens de seconde zone ? Ironie de l'histoire: il y a trente ans, une génération entière se battait contre une institution jugée oppressive et anachronique, et prônait contre elle l'union libre. Aujourd'hui, ce mariage qu'on croyait moribond prend une belle revanche, assez inattendue. A vrai dire, la noce de Bègles n'aurait pas