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Disparition

Marlon Brando, les mues de l’homme à la peau de serpent

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L’acteur américain est mort jeudi à l’âge de 80 ans. Véritable sex-symbol, il incarnait les solitaires et les mauvais garçons.
Dans «Sur les quais», d'Elia Kazan, en 1954. (Photo12 via AFP)
publié le 3 juillet 2004 à 1h19

Il vivait isolé et ruiné dans un petit bungalow de Mulholland Drive avec deux sofas et des rideaux dépareillés. Marlon Brando, qui souffrait d’une fibrose pulmonaire, est mort jeudi à l’hôpital de Los Angeles à l’âge de 80 ans. Il était né dans le Nebraska, à Omaha, le 3 avril 1924, dans une ancienne réserve sioux. Mais surtout, il était né acteur, comme le prouve le portfolio qui illustrait son autobiographie parue en octobre 1994, les Chansons que ma mère m’apprenait. On y découvre une photo de lui à 12 ans prise sur la plage de Balboa en Californie, portrait plus que troublant parce que le très jeune Marlon y est déjà dans la mise en scène de son étrange beauté. Ce qui tendrait à prouver qu’avant d’être une immense star, Brando était déjà une petite vedette, instinctivement conscient de sa différence.

Un peu mauvais genre, un rien voyou

Bien sûr, il y eut l’étape considérée comme fondamentale de l’Actor’s Studio, où il rencontra son mentor, Stella Adler, qui façonna l’acteur Brando en lui faisant travailler, entre autres, sa diction. Il en ressortit avec ce souffle de voix légendaire, ce phrasé d’une douceur féminine qui conférait à son corps si ostensiblement masculin une légèreté unique. Même si on ne peut rapporter Brando à son seul physique, il va de soi que sa belle gueule et son corps ont largement contribué à son ascension. Un poster pourrait tout résumer : celui de l’Equipée sauvage de Lazlo Benedek (1954) qui a dû tapisser toutes les chambres de jeunes filles (et de jeunes hommes) de l