Menu
Libération

Pierre Bodein, détenu exemplaire mais pas soigné

Article réservé aux abonnés
Les psychiatres ont jugé l'assassin présumé «suffisamment sain pour sortir». Avec juste dix mois d'avance.
publié le 8 juillet 2004 à 1h22

Strasbourg, correspondance

«J'aime vivre ma vie future en honnête homme, pour ne plus jamais souffrir.» Ces lignes, parmi d'autres, ont valu à Pierre Bodein, détenu exemplaire de la maison d'arrêt de Strasbourg, d'être lauréat en 1996 du concours d'écriture du journal de la prison. Pierre Bodein aura 57 ans à la fin de l'année. Depuis trente-cinq ans, sa vie se partage entre prison et hôpitaux psychiatriques. Déjà jugé dans d'autres affaires, il est définitivement condamné à vingt ans de réclusion en 1997 pour viols et vols aggravés, tentative d'assassinat et violences volontaires avec arme. Après avoir purgé les deux tiers de sa peine, il a bénéficié d'une liberté conditionnelle sous surveillance à la mi-mars, avec juste dix mois d'avance. Peu de temps après, il aurait croisé les chemins de Julie, de Jeanne-Marie et peut-être d'Hedwige Vallée, dont les cadavres ont été retrouvés dans un même périmètre en Alsace. Arrêté et mis en examen pour «enlèvement suivi de mort» pour la disparition de Julie, 14 ans, et suspecté dans l'affaire Jeanne-Marie, 11 ans, depuis que des traces de sang de la fillette ont été retrouvées dans sa voiture, il nie tout.

Sa vie apparaît comme une série de violences et d'enfermements. Arrêté en 1990, apparemment mutique, Pierre Bodein alterne séjours en hôpital psychiatrique et prison. Aucun soin ne lui est prodigué, il est juste «expertisé», explique son avocat de 1975 à 1997, Me Patrick Rodier. Examiné à nouveau en décembre 1992, il simule la perte de