Voilà un rapport que ses commanditaires auraient préféré oublier. Ce qui a bien failli être le cas. Annoncé pour la fin octobre, le rapport 2004 sur l'opium afghan de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avait été repoussé une première fois au 4 novembre... Deux jours après la présidentielle américaine. Puis, le 4 novembre, le porte-parole à Kaboul indiquait, sans explications, que le rapport était à nouveau reporté. Officieusement, on expliquait que l'ONU craignait une interférence avec les négociations pour la libération de trois de leurs employés, enlevés le 28 octobre à Kaboul. Jeudi matin, alors que les otages de l'ONU n'ont toujours pas été libérés, le rapport est enfin sorti. En catimini. On comprend à sa lecture le peu d'empressement de l'ONU.
Les chiffres sont accablants. L'ONUDC avoue redouter de voir naître en Afghanistan un «narco-Etat». 4 200 tonnes d'opium y ont été produites en 2004 (+ 17 % sur un an), soit 87 % de la production mondiale, et le pays atteint presque son record (4 600 tonnes en 1999). Washington, qui publiait vendredi ses propres chiffres, parlait d'une production de 5 000 tonnes d'opium, en hausse de 73 % par rapport à 2003.
Toujours selon l'ONU, pour la première fois on a cultivé le pavot dans les 32 provinces afghanes. Selon les images satellite et les données recueillies sur place, les surfaces cultivées ont augmenté de 64 % (131 000 ha) en un an. Le résultat aurait pu être pire, mais les mauvaises conditions climati