Kaboul envoyés spéciaux
Hamida a 24 ans. Elle tire sur sa longue burqa pour cacher ses jambes creusées de petits trous rougis par le sang. Sa dernière piqûre remonte aux aurores, «juste après le départ de [son] mari». Aujourd'hui, elle a décidé de venir consulter un médecin de l'association Nejat, l'unique structure à Kaboul qui propose des cures de désintoxication aux Afghanes intoxiquées à l'opium et l'héroïne, ou aux médicaments. Fondée à Peshawar (Pakistan) dans les camps de réfugiés en 1991, l'organisation humanitaire est devenue, en 1994, un centre d'aide aux droguées dans le Badakhshan (province du nord de l'Afghanistan), avant de s'établir à Kaboul, six mois après la chute des talibans.
«Plaque tournante». A Kaboul, l'opium et l'héroïne se trouvent dans tous les quartiers. Cinq euros la dose, souvent pure à 70 %, ce qui permet plusieurs prises. Quant à l'opium, le kilo s'achète au bazar entre 100 et 150 euros. Selon certaines estimations, le pays compterait plusieurs dizaines de milliers de drogués. «La capitale afghane est une vraie plaque tournante. Une petite partie des cargaisons est destinée à la consommation locale», affirmait il y a quelques mois un inspecteur français de la brigade des stupéfiants en poste à Kaboul. «De très grosses pointures tiennent ce commerce. Nous ne pouvons pour l'instant absolument rien faire», ajoutait-il, montrant du doigt certains ministres et un ancien militaire, le général Toufane. Selon les services de renseignement français, cet h