Un mois tout juste après la disparition de Florence Aubenas et Hussein Hanoun, dont tout nous porte à croire qu'ils sont vivants, l'enlèvement en plein jour à Bagdad d'une journaliste italienne confirme brutalement la réalité du travail d'information en Irak. Même s'ils visent deux femmes en reportage pour des journaux européens, il serait bien aventureux, à ce stade, de tenter des comparaisons entre ces deux événements dramatiques. Mais une chose est sûre : plus que jamais, les journalistes sont en danger dans ce pays, où plus d'une trentaine d'entre eux sont morts depuis deux ans, de même que la liberté d'informer. Les présidents des quatre groupes de l'Assemblée nationale (UMP, PS, UDF et PCF) l'ont compris qui ont exprimé vendredi, après d'autres et dans un appel commun, leur «très vive inquiétude», et demandent que l'«effort» d'informer le devoir d'informer soit soutenu par l'Etat. La mobilisation immédiate des Italiens en faveur de Giuliana Sgrena rappelle aussi combien, en dehors des négociations menées par les autorités, c'est la seule forme de protection possible dans le cas des enlèvements. La médiatisation est même indispensable, expliquait il y a quelques jours dans nos colonnes Jean-Paul Kaufmann, trois ans otage au Liban : elle est non seulement un «bouclier» pour les otages, mais aussi une bulle d'«oxygène» qui a une petite chance d'arriver jusqu'à eux.
La négociation réclame le silence et le secret, mais pas la mobilisation, qui doit se voir et s'entendre.