Ramallah envoyé spécial
Sous les rafales de pluie, les affiches électorales de la présidentielle déteignent sur les murs de Ramallah. Salah, bijoutier, n'ose se frotter les mains : «Les gens reviennent chez moi. Au goutte à goutte. Il y a un peu d'optimisme dans l'air. Un peu...», lâche-t-il. «Moi, j'ai voté pour Abou Mazen [le nom de guerre de Mahmoud Abbas, nouveau président de l'Autorité palestinienne, ndlr] pour une seule raison : qu'il m'enlève le barrage israélien de Hamra quand je fais la route Ramallah-Jénine», rigole Bachar, chauffeur de taxi collectif. Dans le quotidien Al-Ayam (les Jours), une caricature donne le ton : un Palestinien pose devant un décor balnéaire idyllique. Derrière le décor, on aperçoit les ruines d'une maison.
«Etouffés». A la veille du sommet de Charm el-Cheikh, le prudent optimisme qui perce, ici ou là, est borné par une double revendication : reprise de l'économie et fin des entraves israéliennes mises à la vie quotidienne. «Nous sommes économiquement étouffés, au point que Naplouse, Jénine, Hébron, Bethléem regardent Ramallah comme San Francisco...», ironise Awad Douabès, journaliste indépendant et bon connaisseur des arcanes locaux. L'avocat Jalal Khader vient d'enregistrer une nouvelle société spécialisée dans l'exportation d'huile d'olive : «Un capital de un million de dollars, qui pourrait quadrupler si la liberté de circulation est rétablie, s'il n'y a pas d'atteintes aux récoltes, s'il y a de la stabilité, avec une police palestinienne