Condi Rice, pianiste émérite, a donné un récital sans faute pour son gala diplomatique européen à Paris. Elle a enchaîné toutes les gammes attendues par son public, du «nouveau chapitre» promis dans la grande saga de la liberté, à écrire par une alliance transatlantique revigorée, à l'intérêt des Etats-Unis pour «une Europe forte». Comme on dirait outre-Atlantique : «She talks the talk, but will she walk the walk ?» En français : mettra-t-elle ses actes en accord avec ses paroles ?
Il n'y a aucun doute que George W. Bush, son boss, a placé en tête de l'ordre du jour de son second mandat la réparation de la porcelaine diplomatique qu'il a cassée, tel un éléphant, au cours du premier. Mais on peut encore douter qu'il y ait eu de sa part conversion stratégique aux vertus du multilatéralisme et du dialogue, plutôt que simple ajustement tactique, né des difficultés rencontrées en Irak. On jugera donc de la qualité du «nouveau chapitre» promis par Mme Rice sur l'action des Etats-Unis au Moyen-Orient et sur d'autres dossiers, du réchauffement climatique à l'Iran ou à la Chine, où Européens et Américains ont des approches différentes.
Mme Rice avait à faire oublier son injonction (supposée) de «punir la France» pour son opposition à l'aventure irakienne. Elle a fait un geste. En diplomatie, les gestes, et le style, ont leur importance. Mais mieux vaut ne pas oublier que, si elle a pris à Paris les atours d'une colombe, elle sait aussi voler avec les faucons. Au coeur des frictions tra