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Libération
Éditorial

Garde-fous

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publié le 9 février 2005 à 0h26

Tout le monde aime les plages presque désertes, mais pas au point de s'en priver. La collision est inévitable entre deux tendances lourdes des sociétés contemporaines : l'attraction du bord de mer et la nostalgie d'une nature plus ou moins intacte. Sur tous les littoraux, la croissance démographique explose. Mais la plupart des nouveaux résidents, permanents ou pas, fuient les inconvénients de l'urbanisation... tout en la transportant involontairement avec eux. Le développement de la navigation de plaisance est inséparable de celui du nombre d'anneaux, donc de quais bétonnés. Mais, justement, ces navigateurs sont fâchés avec le béton...

Il n'existe pas de solution à cette contradiction entre l'usage du littoral et sa préservation, seulement des garde-fous. Le Conservatoire du littoral en a été un ­ il doit le rester. Son principal mérite, c'est sa simplicité : prendre des bouts de côte à peu près préservés et les conserver tels quels, en les mettant définitivement en dehors des circuits de l'échange. Car il n'y a pas de marche arrière à l'urbanisation, quand elle est là, c'est pour toujours et elle y restera toujours envahissante. Elle grignote puis avale. C'est pourquoi il faut sauver ce qui peut l'être.

Le conservatoire espère parvenir à sanctuariser, si les argentiers nationaux veulent bien, 30 % des côtes françaises. Cela signifie que 70 % de celles-ci seront d'une manière ou d'une autre urbanisées ­ une contrainte peu restrictive donc, mais qui peut se révéler frustrante