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Libération
Éditorial

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publié le 11 février 2005 à 0h29

Des dizaines de milliers de manifestants dans les rues de Paris et de nombreuses villes de province : non seulement la mobilisation lycéenne contre le projet de loi d'orientation de François Fillon ne faiblit pas, mais le succès de la journée d'hier montre qu'elle prend de l'ampleur, alors même qu'un tiers des académies sont en vacances scolaires. Et tout indique chez les lycéens une grande détermination à poursuivre la lutte engagée contre ce qu'ils jugent être une réforme inégalitaire, notamment celle du bac. Paradoxalement, l'introduction du contrôle continu au détriment d'épreuves identiques pour tous a introduit le soupçon : et si, avec ce nouveau système, un bac acquis en zone défavorisée valait moins qu'un autre, acquis dans un lycée réputé ? Apparemment, cette crainte des lycéens a pris au dépourvu le ministère, qui croyait ainsi assouplir un examen dont la rigidité a été régulièrement dénoncée depuis des décennies. Bref, avant même que la discussion ne commence à l'Assemblée et que les profs ne se joignent au mouvement, François Fillon a gagné ce que plusieurs de ses prédécesseurs, d'Alain Devaquet à Claude Allègre, ont réussi avant lui : la «consécration» de la rue. Y laissera-t-il lui aussi sa peau de ministre ? Alors qu'il était aux Affaires sociales, il avait su mener jusqu'au bout sa périlleuse réforme des retraites, mais il l'avait fait contre le peuple enseignant, qui pourrait trouver là une occasion de prendre sa revanche. D'où la réalité de la menace, comme