Il vit enfermé, au bout d'une petite ruelle poussiéreuse de la vieille ville de Najaf, dans une maison «qu'il ne possède pas», précise son site Internet. Il ne sort même pas de chez lui pour conduire la prière du vendredi, malgré les cinq cents mètres à peine qui le séparent du mausolée de l'imam Ali, le principal lieu saint du chiisme. Le grand ayatollah Al-Sayed Ali al-Husseini al-Sistani a beau fuir le monde temporel, refuser les interviews et ne diriger aucun parti politique, il apparaît comme l'homme-clé des choix de la nouvelle Assemblée.
Rassembleur. Depuis la chute de Saddam, cet homme de 74 ans, à la longue barbe blanche et au turban noir des descendants du prophète, exigeait la tenue d'un scrutin qui devait permettre aux chiites, majoritaires dans le pays, d'accéder enfin au pouvoir. Il a réussi à fédérer les principaux partis de sa communauté, et la liste qu'il a parrainée, l'Alliance unifiée irakienne, obtient 48,1 % des suffrages exprimés. Loin devant la coalition kurde, arrivée en deuxième position avec 25,7 % des voix, elle obtient même la majorité absolue en sièges au Parlement.
Le paradoxe veut qu'il ne possède pas lui-même le droit de vote. Né au nord-est de l'Iran, à Mechhed, en 1930, il a toujours refusé de prendre la nationalité irakienne. Installé depuis cinquante ans à Najaf, près de la tombe de l'imam Ali, il continue de parler arabe avec un fort accent persan. Il a cependant toujours gardé ses distances avec Téhéran et a refusé de recevoir une de ses d