La tyrannie séculaire de la minorité sunnite ayant disparu avec la chute de Saddam Hussein, le risque était grand qu'elle soit remplacée par la tyrannie de la majorité chiite (quelque 60 % de la population) à la faveur de l'élection du 30 janvier. Beaucoup envisageaient ce scénario en Irak, à commencer par les chefs kurdes, qui, pour conjurer la menace, avaient tu leurs rivalités au profit d'une liste commune. Surprise, les résultats du scrutin éloignent quelque peu ce scénario : il n'y a pas eu de raz-de-marée chiite. Parrainée par le grand ayatollah Ali Sistani, l'Alliance unifiée irakienne, qui regroupait 23 formations chiites, a obtenu de justesse la majorité absolue en sièges qu'elle convoitait absolument. C'est même une déception pour ces partis qui voulaient «solder le passif de quinze siècles d'oppression sunnite» en obtenant plus de 60 % des suffrages. Pourtant, les mosquées s'étaient mobilisées pour la Liste unifiée, qui bénéficiait de moyens considérables, du soutien affiché de Téhéran, et qui a pu tirer évidemment profit de l'absence de toute culture démocratique en Irak.
Affaibli. Si la victoire de la Liste unifiée est mince, on peut même parler de relative défaite pour Sistani. C'est à lui que l'on devait le rassemblement de la «maison chiite». Il avait pris le risque de lui donner sa bénédiction, le droit d'utiliser sa photo et d'y placer ses proches. A l'heure des résultats, le compte n'y est pas. Si les partis islamistes purs et durs, comme l'Assemblée suprêm