Musique, champ de bataille. Le 2 février, Alain Oddoz, enseignant de 28 ans, écopait du titre peu enviable de premier internaute condamné pour échange immodéré de chansons gratuites : 15 000 euros de dommages-intérêts et frais de justice pour avoir téléchargé 614 albums via un service peer-to-peer (P2P). Le lendemain matin, le Nouvel Observateur lançait un appel à «l'arrêt de ces poursuites absurdes» et «l'ouverture d'un large débat public». Parmi les 32 000 pétitionnaires à ce jour, des artistes (Manu Chao), des politiques (le député PS Didier Mathus, la sénatrice verte Dominique Voynet).
Depuis l'irruption de l'Internet dans la distribution musicale, jamais les positions en présence n'ont autant divergé. Les maisons de disques, à l'origine d'une cinquantaine de plaintes contre des particuliers, campent sur leur position répressive. «Ce n'est pas par plaisir que nous poursuivons les internautes, affirme Marc Guez, le directeur général de la Société civile des producteurs phonographiques. Mais nous n'avons pas d'autre choix.» Pour les producteurs, les échanges sauvages ruinent le «pari de la musique en ligne», qu'ils n'envisagent que sous une forme : les plates-formes de paiement à l'acte comme Virginmega ou iTunes Music Store.
Face à elles, une coalition hétéroclite, de l'UFC-Que Choisir à certains députés, comme le PS Christian Paul, pointe les outrances de leur discours. Primo, il est absurde d'accuser «le téléchargement sauvage [d'avoir] entraîné une baisse des ventes de d