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Libération
Éditorial

Risques

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publié le 14 février 2005 à 0h32

La politologie électorale irakienne reste par la force des choses dans sa toute première enfance. Il n'existe aucun précédent sur lequel s'appuyer pour supputer l'usage que les partis et le clergé chiites feront de leur victoire. De plus, on ignore même les règles élémentaires du futur jeu politique puisque l'Assemblée fraîchement élue, en sa fonction de constituante, devra justement les établir. Or, cette instance ne peut pas vraiment se prétendre représentative de l'ensemble irakien, le boycott massif des sunnites arabophones ayant par avance oblitéré le scrutin. De plus, il faut bien dire que les intentions précises des ayatollahs, à commencer par celles de Sistani, demeurent un (saint ?) mystère, d'autant que l'alliance chiite dépend des rivalités existant en son sein. Le résultat des élections ne pourra, en tout cas, que conforter le pouvoir de fait qu'exercent déjà les Kurdes dans le Nord et les chiites, religieux ou pas, dans le Sud et dans leurs autres bastions. Parmi eux, plus d'un rêve à un Etat islamiste plus ou moins démarqué du voisin iranien ou à un Kurdistan indépendant et ethniquement homogène. Cela fait au moins deux risques de guerre civile, qui s'ajouteraient à celle que mènent déjà baasistes et benladenistes. Mais, justement, parce que chiites et Kurdes commencent à avoir quelque chose à perdre, on peut penser qu'ils éviteront de le compromettre d'emblée par une politique aventuriste. Si l'alliance chiite frôle ou obtient la majorité en sièges, elle n'a é