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Libération
Éditorial

Le pire

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publié le 15 février 2005 à 0h35

Rafic Hariri avait prédit lui-même, en décembre, qu'au Liban «il faut désormais s'attendre à tout, et même au pire». Il venait de rejoindre le front d'une opposition hétéroclite, mais unie par la volonté de secouer le joug imposé au Liban par la Syrie. Opposition encouragée, voire poussée à l'action, par les Etats-Unis et la France, mais aussi par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui exige que Damas retire du Liban les 15 000 hommes de son armée qui l'occupent. Hariri savait les risques de cette politique du défi à la Syrie.

Il est certain que ses assassins, quels qu'ils soient, sont des professionnels, qui avaient pour but de déstabiliser le Liban, et d'y empêcher toute remise en cause du statu quo, c'est-à-dire de l'occupation syrienne. En frappant l'homme qui a symbolisé la fin de la guerre civile au Liban, ils ont voulu rappeler que ce pays reste une bombe à retardement dont l'explosion peut secouer tout le Moyen-Orient. Les images du front de mer de Beyrouth transformé en zone de guerre renvoient à un cauchemar pas si ancien, quand le Liban servait de champ de bataille aux puissances qui se disputent l'hégémonie au Moyen-Orient.

Si on pose la question à qui ce crime profite, la première réponse est bien la Syrie. Ce n'est pas une preuve, certes, et il peut y avoir d'autres coupables. Mais le président syrien Al-Assad, dénoncé par Bush comme un pilier du club des amis du terrorisme moyen-oriental, a le plus grand intérêt, pour se disculper et ne pas être mis au ban des nat