Le Mitterrand de Guédiguian n'a pas l'accent marseillais. Le cinéaste, pour son treizième film, voulait changer de registre. Depuis vingt-cinq ans, l'auteur de Marius et Jeannette filme son monde (Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan...), ses thèmes fétiches (la politique et l'injustice), et un lieu unique, l'Estaque, quartier de Marseille descendant sur la Méditerranée. Si Guédiguian change («comme un sculpteur de marbre qui, pour une fois, travaillerait le bois»), c'est pour adapter le Dernier Mitterrand, chronique des mille derniers jours du Président par son ultime confident, Georges-Marc Benamou.
On assiste donc à quelques rites fin de règne : derniers voeux présidentiels, sortie de l'ultime Conseil des ministres, discours de Liévin... Mais Guédiguian reste fidèle à ses principes : mêmes techniciens (Renato Berta, pour une lumière sobre et blanche), refus du luxe d'un cinéma installé (pas de travellings, que des plans fixes, des panoramiques), et un film à sa manière, austère, rigoureuse, simple, vaillante.
Du livre de Benamou, le cinéaste n'a pas conservé grand-chose. Pas le détail du jeu politique ni les stratégies vachardes, pas davantage la fameuse scène des ortolans du dernier réveillon à Latché. Il s'agit plutôt d'un travail sur le verbe mitterrandien, d'où il ressort trois thèmes : la mort, que le vieil homme prépare minutieusement, telle une cérémonie des adieux ; le socialisme qu'il est fier d'avoir «amené au pouvoir, et d'une certaine façon cor