Et l'histoire se répète. Comme en 1986 avec la loi Devaquet, comme en 1995 avec le Smic jeune et la réforme des IUT avec déjà un certain Fillon, comme en 2003 avec l'autonomie des universités, la droite tente de réformer l'école après avoir juré qu'on ne l'y reprendrait pas, et une partie des lycéens et des étudiants descend dans la rue pour s'y opposer. Et comme toujours, le gouvernement est pris dans la nasse. Un mouvement lycéen, c'est de la nitroglycérine politique : pas de service d'ordre pour atténuer les débordements et faire tampon entre casseurs et CRS ; pas d'organisation capable de toper avec le ministre à un accord et de renvoyer les lycéens chez eux, du moins dans un premier temps. Le gouvernement Rocard en avait fait la rude expérience en 1990 quand, au terme d'un mouvement lycéen de deux mois marqué par des incidents spectaculaires (le pillage du magasin C&A de Montparnasse), il avait dû céder 1 700 postes et 4 milliards de francs.
Jacques Chirac, Premier ministre en 1986, année où le jeune Malik Oussekine avait été tué par les brigades motorisées de «voltigeurs» un soir de manif, ne l'ignore pas. D'où son empressement à faire reculer ses ministres : Luc Ferry en 2003, François Fillon sur la question du bac, la semaine dernière. Trop tard. Et, sans doute, à côté de la plaque : Fillon n'a pas tort de penser que des «malentendus» règnent autour son projet de loi, lequel ne mérite ni les excès d'honneur que lui rend tardivement la droite, ni les excès d'indignité