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Libération
Éditorial

Panier dégarni

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publié le 16 février 2005 à 0h35

Quoique limité par le calendrier des vacances scolaires, le succès des manifestations d'hier pèsera sur le débat qui s'est ouvert à l'Assemblée nationale sans changer son résultat. La «loi Fillon» sera adoptée, les nombreux parlementaires UMP récalcitrants ayant reçu un ordre de réquisition de leurs chefs. Commencée aux grandes orgues, la politique éducative de Chirac-Raffarin se termine à l'harmonica. Parler de «réforme» est d'ailleurs une appellation bien pompeuse. Ce panier garni passablement dégarni réussit le tour de force d'être à la fois inconsistant et intempestif. Cela est moins contradictoire qu'il peut paraître car le peu d'ambition réelle justifie a posteriori le manque de moyens engagés. Du coup, si cette loi ne «bouleverse pas les équilibres actuels», comme l'assure Fillon, ses dispositions hétéroclites consolident les déséquilibres existants tout en affectant le contraire, et c'est suffisant pour lui attirer l'hostilité de ses destinataires, élèves ou enseignants.

Même les amis les plus charitables de Fillon admettent qu'ils n'ont pas découvert d'inspiration identifiable derrière les propositions du ministre, qu'elles soient maintenues ou dégagées en touche. De plus, contrairement à ce qu'il prétend, il ne s'est pas soucié de concertation. Ainsi, il a ignoré le rapport Thélot publié à l'automne, sorte de socle minimum du consensus éducatif d'ailleurs contesté par une partie du monde enseignant. On a dit qu'un vrai réformateur n'a pas simplement de bonnes idées