Il faut rendre hommage à Hervé Gaymard. Et saluer sa célérité à défaut de pouvoir applaudir sa sagacité. La seconde lui aurait permis de saisir qu'on ne peut pas plaider pour la réduction du train de vie de l'Etat et s'accorder sur les deniers publics un logement de fonction de 600 m2 à 14 000 euros par mois, soit 60 m2 par membre d'une famille de dix personnes. La célérité du ministre, en revanche, est la preuve qu'il a vite compris avec l'Elysée qu'il ne pouvait pas s'enferrer dans cette histoire, fût-elle légale, sauf à dire au revoir pour un bail à sa crédibilité politique. Il faut dire que la droite a payé pour savoir que l'obstination est la pire des tactiques. Premier ministre, Alain Juppé se retrouve en juin 1995 à devoir se justifier de l'occupation d'un appartement de 189 m2 appartenant à la Ville de Paris. Son loyer modeste, le fait qu'il ait signé un bail avec la municipalité dont il était l'adjoint aux finances, ce que le code pénal interdit, suscitent une légitime émotion. Juppé y reste sourd, plaide son cas à la télé, mais doit finir par quitter son appartement sur recommandation du procureur de la République. Il en a gardé depuis une image déplorable. Gaymard s'est gardé de reproduire l'erreur, lui qui a pour ambition de durer à Bercy jusqu'en 2007 . L'opinion lui saura peut-être gré de sa diligence. Même s'il omet de préciser dans son plaidoyer que le Secrétariat général du gouvernement n'a donné son aval à la location des 600 m2 que sur injonction du cabine
Dans la même rubrique