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Libération

L'immobilier, talon d'Achille des politiques.

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De Juppé à Bérégovoy, les scandales se sont accumulés.
publié le 17 février 2005 à 0h36

Le 6 octobre 1995, Alain Juppé, impliqué dans le scandale des appartements du domaine privé de la Ville de Paris, annonce qu'il déménage: «Mes enfants sont ou vont partir dans les semaines qui viennent et je ferai de même pour tourner cette page qui, je le répète, est pour moi une blessure profonde.» Derrière cette détresse de circonstance, le Premier ministre veut surtout échapper à la justice. Quelques jours avant, il a reçu une lettre du procureur de la République lui expliquant que le délit était constitué, mais que le dossier serait classé s'il quittait les lieux.

Contraint à une piteuse retraite, Hervé Gaymard ne fait qu'ajouter son nom à la liste des personnalités mises en cause pour leur logement. Cela fait une dizaine d'années maintenant que la question est devenue le talon d'Achille des hommes politiques. Dans une période de doute de l'opinion sur la moralité de ses dirigeants et de ressentiment contre leurs privilèges réels ou supposés, les scandales immobiliers se sont accumulés, nourris de passe-droits ou de désinvolture à l'égard du bien public. A commencer dans la Chiraquie.

Pouponnière. Depuis 1990, Juppé, alors adjoint aux finances à la mairie de Paris, avait pu louer pour le modique loyer de 12 000 francs par mois un appartement de 189 m2, rue Jacob (VIe), qui avait été au préalable rénové aux frais de la Ville pour un montant de 1 million de francs. Le fils Juppé était, quant à lui, logé dans un appartement de la Ville de 88 m2, pour un loyer de 6 913 francs