Deux jours après l'assassinat de Rafic Hariri, la Syrie, qui fait figure de principale accusée, se retrouve assaillie de toutes parts. A Beyrouth, les funérailles de l'ancien Premier ministre se sont transformées en immense manifestation hostile à sa présence au Liban (lire page 2). Par dizaines de milliers, sunnites, chrétiens et druzes confondus ont crié vengeance, conspué Bachar el-Assad et exigé le départ de ses troupes. Un événement dans un pays qui, depuis dix-sept ans, vit sous la tutelle étroite de Damas.
«Nous n'avions jamais vu ça, indique Samir Kassir, journaliste et essayiste libanais (1). Les slogans étaient très violents. C'est la première fois que la communauté sunnite bascule ainsi du côté de l'opposition. La colère ne se limite pas seulement aux gens de Beyrouth ou de Saïda [la ville de Rafic Hariri]. Même chez lui, à Tripoli, le Premier ministre [sunnite et prosyrien] Omar Karamé a dû faire installer un dispositif de sécurité autour de sa maison.»
Sur le plan international, la situation de la Syrie ne semble guère meilleure. La demande française d'une «enquête internationale» a été reprise par l'Union européenne et le Conseil de sécurité des Nations unies. Les Etats-Unis, qui avaient rappelé mardi leur ambassadeur à Damas «pour consultation», ont franchi une étape supplémentaire hier en réclamant le départ instantané et total des 14 000 soldats syriens du Liban, conformément à la résolution 1 559 du Conseil de sécurité.
Report exclu. En visite à Beyrouth, le s