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Libération

Le jour où les Libanais ont osé dire non à la Syrie

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Les obsèques de Rafic Hariri ont donné lieu à une manifestation massive contre Damas, jugé responsable de l'assassinat de l'ancien Premier ministre.
publié le 17 février 2005 à 0h36

Beyrouth correspondance

Les cloches des églises répondent au chant du muezzin pour appeler la foule à la prière sur la place des Martyrs, au coeur de Beyrouth. Les clivages confessionnels d'un Liban longtemps divisé se sont tus, l'heure est à l'union nationale. «Nous sommes tous chrétiens, tous musulmans, l'attentat contre Rafic Hariri a touché l'ensemble des citoyens», explique Elie, jeune grec orthodoxe venu assister aux obsèques de l'ancien Premier ministre tué lundi devant la mosquée Mohammad al-Amine, dont il avait financé la reconstruction. Celui qu'on appelle désormais le «martyr» devait l'inaugurer prochainement.

Le cortège funéraire a quitté le domicile de Rafic Hariri à 10 heures, entouré de la famille, de personnalités politiques, religieuses et d'une masse d'anonymes. «Toute la ville de Saïda est là, plus d'une centaine de bus ont gagné Beyrouth ce matin», s'enorgueillit Ahmad, originaire de la même ville que l'homme d'affaires sunnite. Et si Suhier, institutrice, se dit désespérée et se refuse d'accuser qui que ce soit, les grappes de manifestants musulmans qui avancent dans un flot continu ne mâchent pas leurs mots: «La Syrie dehors», «Que le pouvoir aille en enfer». Sur le bord de la route, Georges n'en croit pas ses yeux: «Je n'ai jamais vu ça avant, même les chrétiens n'osaient pas aller si loin.»

«Ils ont tué l'espoir»

Quand les ambulances transportant les corps de Rafic Hariri et de ses gardes du corps, précédées de longues rangées de cheikhs sunnites, druzes