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Libération
Éditorial

Tectonique

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publié le 17 février 2005 à 0h36

Si les maîtres de Damas n'avaient pas mesuré combien les Libanais détestaient leur mainmise sur leur pays, l'enterrement de Rafic Hariri les aura renseignés. Mais il est bien plus vraisemblable que les Syriens, n'ignorant rien du rejet dont ils sont l'objet, ont voulu prévenir son expression dans les urnes lors des prochaines législatives. En tout cas, ce n'est pas le refus opposé par le gouvernement libanais à la demande d'une enquête internationale, formulée notamment par Chirac, qui fera taire les accusations presque unanimes dont la Syrie est l'objet dans cet assassinat.

Presque unanimes, seulement. La colère des Libanais et l'indignation des chancelleries occidentales n'ont empêché hier ni le ministère russe de la Défense de confirmer son intention de fournir à Damas un système d'armes contesté, ni le vice-président iranien d'exprimer sa solidarité avec les Syriens face aux «menaces spécifiques» qui les visent. Voilà qui sert au moins à rappeler que ceux-ci, pour asseoir leur politique annexionniste au Liban, ont toujours su jouer de la tectonique géopolitique, soit comme clients du Kremlin, soit comme avant-poste anti-israélien, soit, alliés de Téhéran et parrains du Hezbollah, comme partenaires d'une internationale chiite. Or, élections irakiennes aidant, cette dernière est en passe de disposer d'une continuité territoriale du Khorassan à la Bekaa. Il est évident que pour ses auteurs mêmes, l'assassinat de Hariri n'est pas un crime local mais un chantage régional à l'é