Que ce soit lors de colloques, lors de débats sur des plateaux de télévision, dans les textes des rappeurs ou dans le récent film sur la société antillaise Neg'Maron, les Français d'origine antillaise ou africaine expriment de plus en plus leur malaise et leur colère quant au peu de place qui leur est laissée dans la société française. Les récents dérapages antisémites de Dieudonné sont d'autant plus pervers qu'il tente de surfer sur ce mal-être. «Il y a une grogne qui existe depuis longtemps, mais aujourd'hui elle s'exprime, résume Marie-Georges Peria, vice-présidente du Cerfom (Centre d'étude et recherche des Français d'outre-mer). Elle était auparavant difficile à formuler, car les injustices, dont elle se nourrissait, relevaient du non-dit. Mais, en 1998, à l'occasion du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage, les originaires d'outre-mer ont trouvé un point focal pour commencer à exprimer ce qu'ils ressentaient. Depuis, les revendications s'amplifient de tous les côtés.»
«En 1998, le gouvernement nous avait promis qu'il ferait un truc pour nous. On attend toujours»
Il y a tout d'abord eu les demandes de quotas à la télévision et dans le cinéma pour les minorités visibles, menées par le collectif Egalité du metteur en scène guadeloupéen Luc Saint-Eloi et de la romancière camerounaise Calixthe Beyala lors des Césars 2000, suivies de la marche du peuple noir l'été suivant. En même temps, Christiane Taubira défend son projet de loi pour la reconnaissance de l'esclavag