Le Samu, chevalier blanc ? Images d'Epinal. On décrit toujours les services d'aide médicale d'urgence à la pointe de la technologie, débarquant des ambulances toutes sirènes hurlantes avec leurs appareils, leurs respirateurs et leurs perfusions. Et sauvant des vies humaines. Le triomphe de la médecine moderne. Et si c'était un peu différent ? Et si avec l'évolution de la société (le fait que près de 70 % des personnes meurent aujourd'hui à l'hôpital), le Samu, l'air de rien, avait changé, se retrouvant en première ligne de la vie mais aussi de la mort ? Avec ses hauts et ses bas, ses difficultés, ses zones d'ombre. «Vous savez, aujourd'hui, il est très difficile d'accompagner à domicile une agonie, et en plus on ne sait pas faire, raconte un infirmier de Samu. Alors, on nous appelle.» Le Samu est ainsi sollicité de plus en plus pour des fins de vie, pour les accompagner, au point même, parfois, d'être confronté à l'euthanasie passive, c'est-à-dire à limiter, voire arrêter des traitements (lire encadré). Mais est-ce possible dans le cadre de l'urgence ?
Pour la première fois, une étude tente de cerner la question. Une enquête inédite sur les «modalités de prise de décision de limitation ou d'arrêt thérapeutique (Lata) en médecine préhospitalière» a été présentée en toute discrétion tant le sujet provoque des tensions au dernier congrès de la Société de réanimation, au CNIT de la Défense, fin janvier. Un travail essentiel, car d'abord, il bouleverse les idées préconçues en