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Libération
Éditorial

Non-dit

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publié le 28 février 2005 à 0h45

Le spectre inopportun de l'euthanasie revient frapper à la fenêtre après qu'on a cru lui avoir fermé la porte avec une loi récente qui vise à encadrer les fins de vie. Mais la vie, anarchiste imperturbable, n'entre que malaisément dans les cadres qu'on lui apprête. A plus forte raison la mort, qui est définitivement malapprise. Des balises ont été mises en place à l'hôpital, l'endroit où s'achèvent la plupart des vies, pour y guider un traitement à la fois humain et responsable des mourants. Mais ailleurs ? La déontologie est dans l'escalier, avec les urgentistes qui le grimpent en vitesse pour répondre à un appel au secours et constatent parfois qu'ils arrivent trop tard. Ou presque trop tard. C'est souvent à eux d'en décider.

Ils le font, ce qui les amène à pratiquer la même euthanasie passive que leurs collègues hospitaliers ou libéraux. Mais ils le font dans les conditions mêmes de leur pratique, celles de l'urgence et de l'improvisation. L'enquête que nous évoquons ne dévoile aucun scandale à cet égard mais révèle une gêne. Plutôt que d'avoir à parler publiquement de ces pratiques, on leur a donné licence d'exister, à charge pour elles de rester enfouies dans le non-dit. Pourtant, il ne fait pas de doute que la réflexion collective menée à propos des fins de vie à l'hôpital doit trouver un prolongement presque automatique dans cette antichambre de l'hôpital que sont les Samu.

Mourir à l'hôpital est devenu presque une norme. C'est pourtant un désir très répandu que de pouv