Un rouleau compresseur «malin», c'est le souvenir laissé par Thierry Breton à ceux qui l'ont côtoyé pendant les deux ans et demi passés à la tête de France Télécom. «Sa pratique dans l'entreprise, c'est un traitement de choc sous un affichage onctueux, résume un syndicaliste qui a eu affaire à lui. C'est quelqu'un d'extrêmement malin. Quand il y a une situation de blocage, il trouve toujours un chemin de traverse.» D'emblée, les salariés de l'opérateur ont été frappés par son habileté. Quand Thierry Breton remplace Michel Bon en octobre 2002, la situation est catastrophique. Plombé par l'exorbitante acquisition du Britannique Orange (pour 50 milliards d'euros), l'investissement malheureux dans l'opérateur allemand Mobilcom et l'argent engouffré dans les licences UMTS, France Télécom enregistre un endettement record et court droit vers la faillite.
En quelques mois, Breton peaufine un plan de sauvetage parfaitement dosé. Il réussit à appeler l'Etat à la rescousse sans affoler la Commission européenne, à rassurer les marchés financiers sans provoquer de remous sociaux. Et habille le tout dans une communication ingénieuse. Le plan Ambition FT 2005, toujours en cours d'exécution, prévoit notamment des économies de 15 milliards d'euros au sein du groupe.
Au fil des mois, les syndicats dénoncent un «stress très important sur les employés, une pression considérable, une machine à broyer». Pourtant, la réorganisation du travail à marche forcée, les 22 500 suppressions de postes et les