Il fallait réviser l'une pour adopter l'autre. Les mystères constitutionnels sont assez rébarbatifs pour que les Français ne se formalisent pas de celui-ci. L'exercice de la révision sera simplement un peu plus dévalué par cette édition 2005, tout enfarinée d'électoralisme. Deux des dispositions adoptées hier étaient soit scabreuses (le contrat de garantie antiturc) soit inutiles (la clause écologiste), en tout cas démagogiques. Sous prétexte de grands principes, ces procédés ne visent qu'à préparer un référendum qui se révèle laborieux alors qu'on l'avait rêvé glorieux.
Car l'imposante majorité de Versailles cache un vrai malaise. Le camp du oui marche vers la victoire sur deux pieds, mais seulement comme deux unijambistes contraints de s'épauler sans trop pouvoir afficher leur complicité. Certes, le camp du non est encore plus dépareillé, mais c'est un peu dans l'ordre des choses : tout lui fait ventre. Ses partisans n'ont pas de vague à l'âme car ils n'ont rien à perdre. Alors que les chiraquiens commencent à craindre que le référendum ne se retourne contre eux et affiche surtout leur impopularité. Et que le PS passe son temps à s'excuser d'être européen.
Le oui de Hollande qui est un non à Chirac vaut sans doute le non de Fabius qui est un oui à l'Europe. Sa schizophrénie est plus visible parce que les premiers rangs sont mieux éclairés. Plus il tape sur Chirac pour s'en démarquer, plus il risque de favoriser le rejet du Président, donc le non. Après s'être battu pour le o