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Libération
Éditorial

Vent de liberté

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publié le 1er mars 2005 à 0h47

La tentation est grande de voir l'Intifada pacifique des Libanais, qui vient de chasser le gouvernement inféodé à la Syrie, comme l'effet domino d'une «contagion démocratique» en train de métamorphoser le Moyen-Orient. Elections en Irak et Palestine, début de réforme en Egypte, trêve entre Israéliens et Palestiniens peuvent apparaître comme le prolongement des révolutions non violentes qui ont abattu les dictatures de l'ex-Empire soviétique, en Géorgie et en Ukraine.

Ce «vent de la liberté» est-il vraiment l'onde de choc de l'intervention américaine en Irak, comme l'affirme George W. Bush ? La détermination des Etats-Unis, appuyée par la menace des armes, à déstabiliser les dictatures qui leur sont hostiles encourage leurs opposants. Elle rend les despotes plus hésitants à la répression sanglante. D'autant que le soutien aux mouvements démocratiques n'est pas un thème sur lequel les Européens s'opposeront aux Américains. Au Liban, Bush et Chirac agissent la main dans la main pour obtenir le départ des Syriens.

Mais il faut se garder d'une vision trop simpliste nourrie de convictions idéologiques, tout autant que du cynisme qui suppose une incompatibilité entre démocratie et tiers-monde. Il faut appuyer tous ceux qui se dressent contre des tyrannies. Mais ce soutien ne saurait suffire à assurer la floraison des démocraties. Le terreau local reste essentiel. Ne pas oublier que le Liban n'est pas l'Ukraine, en dépit des similitudes. L'indépendance du Liban, la fin de l'occupation