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Libération
Éditorial

Perplexe

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publié le 21 mars 2005 à 1h04

Ce n'est pas la France qui a un problème avec l'Europe, mais le contraire. L'évolution du débat référendaire dans l'Hexagone a de quoi rendre perplexe en dehors de nos frontières, car si le traité constitutionnel y suscite aussi des refus, ceux-ci émanent pour l'essentiel des souverainistes, de droite ou de gauche. Il n'y a qu'en France où s'y agglomèrent des proeuropéens affirmés. Non que leurs critiques des insuffisances de ce traité ne soient ici ou là partagées. Mais dans les autres gauches proeuropéennes, on signe volontiers pour les progrès enregistrés comme autant d'étapes vers d'autres avancées. On n'a apparemment pas le sentiment que ce traité forme les mâchoires d'un «piège» libéral qui enfermerait à jamais les aspirations progressistes des peuples, surtout s'il s'agit de la reprise de dispositions de traités qui n'avaient pas empêché ­ entre 1997 et 2002 pour ne citer qu'un exemple ­ la gauche plurielle de faire les 35 heures ou la couverture maladie universelle.

Ce n'est pas seulement en France qu'on condamne le projet de directive libéralisant les services avec ce hochet idéologique qu'est le principe juridique du «pays d'origine». Mais, ailleurs, on fait la différence entre une directive qui relève d'une procédure institutionnelle à laquelle vont faire obstacle les procédures démocratiques courantes (des manifestations syndicales à l'intervention du Parlement ou des gouvernements), et le texte d'une Constitution qui ne souffle mot du «pays d'origine».

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