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Libération
Éditorial

Nostalgie

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publié le 11 avril 2005 à 1h41

Que le non l'emporte le 29 mai et rien ne sera plus comme avant au PS, mais le oui ne serait pas pour autant gage d'un retour au calme sous la houlette du «réformisme de gauche».

Ce n'est pas tant la violence des propos échangés durant cette campagne, la brutalité des affrontements préprésidentiels ni même la résurgence d'un fond de sauce antieuropéen qui peuvent lui faire craindre des lendemains chahutés. Ce sont plutôt les lignes de fracture révélées sur la vision du monde contemporain qui rendent une cohabitation ultérieure bien problématique. Si le mot «schisme» a été prononcé, il faut peut-être y voir un effet pernicieux de l'actualité papale, mais n'est-il pas dans le ton quand le rejet de la Constitution prend, chez certains, des allures bibliques de bataille d'Armageddon où les forces du Bien progressiste viendraient terrasser l'Antéchrist libéral ? Tous les arguments avancés ne relèvent pas de cet imaginaire ­ un tel texte de compromis politico-juridique européen se prête à des critiques sérieuses ­, mais il y a aussi la croyance qu'un «électrochoc» va secouer notre Vieux Continent pour l'amener à reconstruire une autre Europe socialiste et fédérale. C'est l'idée de la «rupture» avec un capitalisme qui n'ose d'ailleurs plus trop se dire comme tel, la nostalgie d'un retour au volontarisme de l'Etat «protectorat», façon programme commun des années 70, qui peut plier le monde en général et l'Europe en particulier à ses conditions et ses vues. C'est en tout cas une souve