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Libération
Éditorial

Décantation

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publié le 18 avril 2005 à 1h48

Comme dans le jeu du Schmilblick immortalisé par Coluche, on pourrait répondre que non la Constitution n'augmentera ni ne diminuera les salaires, non elle ne poussera à plus ni moins de délocalisations qu'il s'en commet aujourd'hui, non elle n'améliorera ni n'aggravera le tri sélectif des déchets et ainsi de suite... Mais ces bonnes réponses ont peu de chance dans l'immédiat de «trouver leur public» (comme on dit des films sans spectateurs). Car pour la plupart des jeunes qui se sont exprimés jeudi soir face à Jacques Chirac et qui étaient finalement assez représentatifs de l'opinion, il s'agissait de bonnes questions, ou plutôt des seules questions que leur inspirait ce traité constitutionnel. On dit souvent que lors des référendums les électeurs ne répondent pas à la question posée. Ce n'est pas tout à fait juste. Ils répondent à la question telle qu'ils l'entendent et la formulent au regard de leur propre horizon. Les 66% de Français qui se disent «mal informés», selon notre sondage, traduisent bien cette situation de grand écart entre l'enjeu de cette Constitution ­ instaurer une Union à 25, en élargir le champ des droits, des valeurs, de la démocratie ­ et des préoccupations particulières ou collectives qui renvoient à une crise sociale, économique sinon identitaire, où l'Europe n'a guère de responsabilité en tant que telle, mais où les gouvernements nationaux, à commencer par le nôtre, en portent la plupart.

Pas plus que François Mitterrand en 1992, Jacques Chirac n'a é