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Libération
Éditorial

Référence

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publié le 19 avril 2005 à 1h49

Après avoir lu l'enquête sociologique dirigée par Michel Wieviorka, difficile de prétendre qu'«on ne savait pas». Mais si cet ouvrage doit faire référence c'est surtout qu'il peut aider à ce qu'on ne dise pas n'importe quoi sur cette «haine des Juifs» dont les effets aujourd'hui en France ne sont ni à exagérer ni à minorer.

Le mérite de ce patient travail scientifique est d'avoir choisi d'en percer les ressorts, là où le mal se propage, dans tels quartiers, telle école ou université, mais aussi dans une prison ou les parages de cimetières profanés. Ce n'est donc pas un panorama exhaustif de l'antisémitisme en France, mais une investigation approfondie là où il se traduit en statistiques d'agressions qui nourrissent légitimement l'inquiétude.

Cet éventail de lieux permet de n'esquiver ni l'antisémitisme sans Juifs de Roubaix, ni celui immémorial de l'Alsace, mais pas davantage l'effet boomerang d'un communautarisme juif qui, à Sarcelles, s'expose en s'isolant.

Il en ressort l'impression accablée que des «tabous», naguère contenus par le souvenir du génocide juif, ont sauté, libérés par une identification au sort des Palestiniens. Mais l'on en retire aussi que l'antisémitisme des banlieues, comme on dit, tient d'abord à des frustrations sociales, à un sentiment d'injustice diffus de ne pas se voir reconnaître son propre «droit à l'Histoire». Autant de pistes suggérées à une Education nationale qui n'a pas su encore adapter ses enseignements (et ses enseignants) à cette réalité-là