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Libération
Interview

«Plutôt que le verbe, mieux vaut la pédagogie»

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publié le 8 juin 2005 à 2h31

Jean-François Sirinelli est professeur à l'Institut d'études politiques de Paris et directeur du Centre d'histoire de Sciences- Po. Il a dirigé une Histoire des droites en France (Gallimard).

Dominique de Villepin adopte la posture du sursaut. Peut-il être considéré comme un homme politique «gaullien» ?

Chez de Gaulle comme chez Villepin, l'action passe par le verbe et il y a dans le discours du nouveau Premier ministre des thèmes qui rappellent le gaullisme : le rang de la France, sa grandeur et aussi l'enracinement, sans lequel, pour de Gaulle, il n'y a pas de grandeur possible. Lorsqu'en février 2003, Dominique de Villepin s'est exprimé à l'ONU au nom de la France, «ce vieux pays», il s'inscrivait dans l'idée que c'est son passé qui donne à la France le droit de parler de haut. Pour autant, il serait excessif de dire que le 14 février 2003 fut l'équivalent de l'appel du 18 juin. Certes, pour la carrière de Villepin, ce fut un discours fondateur, comme l'appel lancé depuis Londres l'avait été pour le général. Mais Villepin, lui, était le ministre officiel d'un gouvernement officiel et participait à une bataille politique qui n'avait rien à voir avec la situation de 1940. Il ne faut pas oublier que la force du gaullisme a été d'être un verbe en acte, que ce soit avec l'organisation de la France libre ou, plus tard, la réponse à la crise algérienne.

Philippe Séguin ou Jean-Pierre Chevènement ont déjà prétendu réincarner la posture gaullienne. Pourquoi ce mythe persiste-t-il ?

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