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Libération
Éditorial

Apprenti sorcier

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publié le 9 juin 2005 à 2h32

On le craignait amphigourique, il l'a jouée sobre. Comme s'il n'était plus temps de se payer de mots «face à ce défi sans précédent» qui vaut réquisitoire contre la décennie Chirac : «Remettre la France en marche.» Gaulliste par vocation, le Premier ministre a confessé «une certaine vision de l'homme», refusé «la seule logique du marché», sifflé la «mondialisation», qui n'est pas «un idéal», autant de gages au modèle social français et à la France révoltée. Cela ne manquait pas de tenue et marquait un sursaut stylistique par rapport aux raffarinades de son prédécesseur. Venu plus tôt, ce sursaut discursif aurait peut-être pu convaincre de la possibilité d'une «autre politique» en Chiraquie, moins au fil de l'eau libérale, moins baisse d'impôts dont la fin a été signifiée, plus soucieuse de «l'égalité des chances» . Mais après quatre défaites électorales et à vingt-deux mois de la présidentielle, Villepin vient trop tard. Ses adversaires le savent qui tous anticipent son échec. Lui n'a d'autre choix qu'un pari esthétique : les combats les plus désespérés sont les plus «extraordinaires». Mais pour avoir un espoir d'emporter la mère des batailles, celle de l'emploi, la chance ne suffit pas, il faut hardiesse, imagination et ambition. Le hussard en manque par trop qui ne retient du modèle danois que la «flexibilité». Chaban avait l'ambition d'une «nouvelle société», Villepin a celle d'«une nouvelle embauche» qui consiste à éterniser avec art les périodes d'essai... Cela s'appell