Il était présenté comme le meilleur des pur-sang. C'est en cheval de trait que s'est montré hier Dominique de Villepin. Sans allant, méthodique, parfois ennuyeux comme du Raffarin. Si le Premier ministre voulait en terminer avec son image de poète exalté, c'est réussi. Mal aimé des parlementaires, qui n'apprécient guère son goût pour le lustre et ses envolées lyriques, il a joué une carte décalée, énumérant les grands axes de sa politique et détaillant des propositions concrètes. Comme pour en finir avec sa caricature. Et montrer qu'il peut gouverner, tout simplement. Tout juste s'est-il autorisé quelques embardées sur la France qui «veut rester une conscience vivante», sur le «génie français» ou sur l'outre-mer qui «apporte à notre pays l'amitié du proche et le sel du lointain».
Désarroi. Un changement de style certes calculé, mais qui marque aussi un grand désarroi. Derrière ses hésitations, sa difficulté à imposer le silence dans l'hémicycle, la lenteur de son débit, une évidence : Villepin sait déjà à quel point il est programmé pour chuter sur l'obstacle. Il lui aura fallu à peine huit jours pour comprendre. D'abord avaler le choc du non au référendum, entendre ce qu'il appelle les «souffrances», les «impatiences», les «colères» des Français. Mesurer ensuite la complexité de l'équation économique avec une croissance en berne, un taux de chômage trop élevé et des caisses vides. Voir, enfin, son propre camp le scruter avec méfiance et la gauche prête à se requinquer sur so