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Libération
Interview

«Je ne veux pas d'une 26e opération»

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Atteints de pathologies lourdes, des malades expliquent pourquoi ils cessent de se soigner :
publié le 10 juin 2005 à 2h33

Aucune histoire, aucune maladie ne ressemble à une autre. On peut refuser des traitements pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Pour soi ou pour les autres, pour des raisons religieuses ou philosophiques. Témoignages de patients qui ont dit : «J'arrête.»

Dominique Tayac

57 ans, cadre infirmière en invalidité, diabétique

«Je suis diabétique depuis l'âge de 5 ans. A 27 ans, après la naissance de ma fille, j'ai commencé à souffrir de complications. En dix ans, tout s'est abîmé. J'ai eu un pontage, une greffe de rein, un oeil qui ne voit plus, des gangrènes... Et pourtant, malgré leur lourdeur, j'ai toujours accepté les traitements. Pour l'amputation du pied, ça a été différent. J'avais 40 ans, j'étais coquette, je savais que mes relations avec les hommes allaient changer. Est-ce que ça valait le coup de perdre une jambe? Je me demandais où cela allait s'arrêter. J'ai réfléchi et puis j'ai pris la décision de le faire. Parce que j'avais 40 ans. Ma fille en avait 16, c'est elle qui m'a décidée, en me disant aussi «avec une prothèse, tu pourras mettre des belles chaussures toi qui aimes ça».

Mais, maintenant que j'ai 57 ans et que ma fille est élevée, je raisonne autrement. Ma carotide est en train de se boucher. Il faudrait la déboucher. Il y a un risque. Des caillots peuvent monter au cerveau et me laisser un peu gaga. Si on ne fait rien, le risque est le même. J'en suis à 25 opérations. J'ai décidé de ne pas me faire opérer. Si je suis très diminuée, j'espère juste avoir assez de