Bordeaux correspondance
Ensemble ou séparés ? La question divise les électeurs de gauche. Ouistes comme nonistes. Dans le quartier Saint-Eloi, à Bordeaux, où les associations de sensibilité de gauche pullulent, ce sont les indécis qui sont le plus prêts à se rassembler pour la présidentielle de 2007. Comme Elizabeth, qui coordonne l'association de photographes Corps et Arts, «hypercontente» que le non l'emporte bien qu'elle ait voté oui. «Je me suis peut-être trompée en faisant le choix du politiquement correct, mais je me sentais encore coupable d'avoir fait passer Le Pen au second tour.» Elle qui choisit le PS quand elle est «raisonnable» et Besancenot ou Laguiller quand elle s'«emporte» veut tirer un trait sur les affrontements engendrés par la Constitution.
«Crève-coeur». Même chose pour Bruno, qui travaille dans le transport routier. Lui a voté non, pour «être considéré», mais il ne va pas se «mettre à soutenir Fabius alors qu'il fait des choix pour sa carrière perso». Fabius justement, Marc ne veut plus en entendre parler. Rédacteur en chef de Spirit, une revue culturelle, il pronostique déjà un deuxième tour Sarkozy-Le Pen en 2007 et enrage «qu'on confonde tout, qu'on se déclare pour l'Internationale ouvrière et contre l'ouvrier polonais, et qu'on donne une image affligeante de la France». Et si Fabius était le candidat dans deux ans ? «Ce serait un crève-coeur, mais je voterais pour lui, contre Sarkozy», concède-t-il.
Naji, qui tient le bar Le Saint-Christophe, au bout