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Libération
Portrait

Un visage, une femme, une journaliste

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Au fil des jours, l'image de Florence Aubenas puis sa personnalité et son travail sont devenus familiers.
publié le 13 juin 2005 à 2h34
(mis à jour le 13 juin 2005 à 2h34)

Avec Hussein Hanoun al-Saadi, elle avait son portrait sur les murs de nos villes. Des villes et aussi des villages, et collés sur les portes des bureaux, sur le carrelage des cuisines, sur les murs de chambres où la nuit s'épuisait, sur la brique du Nord, sur l'ocre pailleté du Midi, sur le granit. Elle avait son portrait délavé sous la pluie océane, dans la chaleur des bars, sur des poteaux de rue, sur des écorces d'arbre, ici, là, au détour des jours, au détour de nos pas. Elle avait son regard au creux des portefeuilles, sur les agendas qui parlaient d'autre chose, sur des vitrines, sur des palissades, sur le cuivre des musiciens, l'étoffe des montgolfières, le drap des voiles marines, sur les façades austères de la République, sur les scènes des théâtres, dans des salles de classe. Elle avait son sourire en coeur sur les manteaux d'hiver, les vestes de printemps, puis les tissus légers du presque été. Florence Aubenas était devenue un dessin d'enfant. Mais aussi une figure abstraite, un visage de simple femme, un prénom, un nom, rien d'autre que son image.

Passagère. C'est alors qu'il a fallu commencer à apprendre Florence Aubenas. D'abord quelques bribes, ici, là. Des journalistes entre deux désarrois qui disent tout le bien d'elle. On prend ces mots pour ce qu'ils sont. Des mots douloureux, des mots amis, des mots sans autre but que de crier l'absence. Puis d'autres voix se sont élevées. Une innocente venue dire comment Florence la croyait au plus noir d'un procès. Un c

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