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Éditorial

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publié le 17 juin 2005 à 2h38

Il n'est pas simple de passer de la mollahcratie à la démocratie. L'élection présidentielle en Iran est en partie un trompe-l'oeil. Les candidats en ont été sélectionnés, et le vainqueur n'aura pas la réalité du pouvoir à Téhéran. Ceux qui avaient élu Khatami, avant de voir leur élan réformateur s'ensabler dans la résistance des conservateurs, en ont fait l'amère expérience. Beaucoup boycotteront les urnes plutôt que de se prêter à une nouvelle mascarade.

Mais cette élection peut aussi être un tournant. Le recours à des méthodes de campagne modernes, la personnalisation de l'élection, l'incertitude du résultat, et surtout la disparition de toute référence à l'idéologie islamique sont les signes d'une mutation profonde et irréversible de la société iranienne qu'incarnent ces adolescentes maquillées distribuant en rollers des tracts électoraux appelant au changement, avec pour slogan «Azadi» (Liberté).

Cette mutation spectaculaire de l'Iran a une raison fondamentale : son peuple. Jeune, il n'a, dans son immense majorité, pas connu de régime autre qu'islamique, et il subit les échecs de celui-ci. Il sait qu'en condamnant l'Iran à l'isolement les mollahs sont incapables de réduire le chômage massif, la pauvreté endémique et l'inflation galopante. Et il n'a d'yeux que pour l'Occident.

S'ils veulent sauver leurs turbans, les mollahs devront s'ouvrir au monde, y compris au grand Satan américain et à ses diablotins européens, comme les «réformateurs» y poussent. Sauf à se lancer, comme