Alors que l'Union diffère sa Constitution au son de la marche funèbre, il était déraisonnable que la France en rajoute avec une Marseillaise au clairon. En proposant à ses partenaires de l'UE une «réflexion» collective sur les moyens de «réconcilier les citoyens avec le projet européen», Jacques Chirac a usé de périphrases pour appeler au secours. Trop tard pour lui éviter le ridicule du 29 mai et pas suffisant pour masquer sa panne d'imagination quand il s'agit d'apporter une réponse à la hauteur de la crise de défiance européenne. Le rendez-vous budgétaire est pourtant la première occasion de répondre aux inquiétudes révélées par les non français et batave. De siffler le départ d'une nouvelle Europe qui montrerait sa volonté de davantage favoriser l'emploi, comme l'ont réclamé les électeurs. L'ironie de l'histoire, c'est que Tony Blair, le plus libéral des socialistes, est le premier à l'avoir compris. En posant la question d'un budget européen «qui reflète mieux les besoins de l'UE aujourd'hui, plutôt que ceux d'il y a trente ou quarante ans», il a le mérite de taper là où ça fait mal. L'Europe fait-elle assez pour la recherche, les grands travaux d'infrastructures et tout ce qui pourrait doper sa croissance ? Quand la politique agricole commune monopolise 40 % du budget européen, on voit bien qui le Premier ministre britannique veut rendre responsable de ses manquements. Jacques Chirac est tombé dans le piège qui s'est contenté d'un «Touchez pas à ma PAC», se caricaturan
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