Londres de notre correspondante
Tendu, fou de rage, isolé quoi qu'il en dise. Rarement le visage de Tony Blair aura été aussi défait à l'issue d'un match politique que lorsqu'il a tenu sa conférence de presse, dans la nuit de vendredi à samedi, à l'issue du sommet européen. C'est celui d'un homme s'accrochant à son chèque britannique et à son égoïsme (lire page 2). «Nous devons changer de vitesse pour nous adapter au monde dans lequel nous vivons», a martelé le Premier ministre britannique, insistant sur le fait que le compromis proposé consistait à dépenser «sept fois plus» pour l'agriculture que pour les sciences, l'éducation, la technologie.
Il ne faut pourtant pas s'arrêter à cette photographie d'un leader britannique roulé au dernier moment par un Jacques Chirac roué. Vu de Londres, et de son électorat qui demeure pour lui le critère déterminant , Tony Blair a marqué des points. L'hebdomadaire The Independent on Sunday dénonçait hier les «clichés» journalistiques sur la «crise européenne» : «En dépit de la tentative sordide de Jean-Claude Juncker, le Premier ministre du Luxembourg, d'acheter les alliés de la Grande-Bretagne un par un, Blair n'est pas isolé.»
«Si français». Revenir à la Chambre des communes en ayant défendu bec et ongles l'argent du contribuable britannique et en ayant attaqué la politique agricole commune garantit à Blair les applaudissements nationaux. Une aubaine pour le Premier ministre qui, même réélu pour un troisième mandat, n'est plus dans la pos