Il faudra ajouter aux attributs du «plombier polonais», figure emblématique récente d'un péril social venu de l'Est, un sens élevé de l'intérêt général européen. Ce n'est pas le moindre paradoxe de ce sommet de Bruxelles que ceux-là mêmes qui avaient été accusés de venir sucer le sang du travailleur ouest-européen aient proposé d'en rabattre sur ce qui leur était dû, afin de trouver une issue à la guerre des «riches». D'ordinaire, il revenait aux pays pionniers de l'Europe de trouver le geste qui «sauve» en cas de crise grave. Mais dans le paysage dévasté d'après-référendums, il n'y a plus de pionniers ni d'avant-gardes, et le «moteur» franco-allemand tient plus de la Mobylette que de la grosse cylindrée. On est dans un chacun pour soi, avec des alliances inattendues.
C'est que la crise vient de loin, et la confrontation franco-britannique, sous-tendue par deux conceptions de l'Europe, devait fatalement se cristalliser sur le rabais financier des uns et les primes agricoles des autres. Sans qu'il faille forcément s'en lamenter : après tout, la question posée par Tony Blair sur la finalité des investissements européens mérite examen et débat. Mais son assurance et sa brutalité montrent qu'il s'est vite adapté, lui, à une situation où a été cassé l'élan qui avait permis un lent dépassement des nationalismes par les solidarités communautaires.
Ceux qui avaient prédit que l'«électrochoc» du non à la Constitution redonnerait imagination et vigueur à l'Europe devraient expliquer mai