La question de la sanction à l'école est aussi vieille que l'école elle-même. Mais la massification de l'enseignement secondaire confronte désormais l'institution à des comportements sur lesquels le système d'autorité traditionnel a peu de prise. Déjà difficile, la relation entre professeurs et élèves subit des tensions supplémentaires non seulement dans l'espace scolaire en général mais au coeur même de la salle de classe.
Peu préparés au phénomène pendant leur formation, les enseignants se retrouvent souvent désarmés, voire dépassés. D'où la tentation autoritariste d'un certain nombre d'entre eux, pour qui seule une sévérité accrue est à même d'enrayer des conduites qui leur échappent. Présentée comme la panacée par de nombreux hommes politiques, dont l'ex-ministre de l'Education François Fillon, cette sévérité a son revers : elle est souvent vécue par les élèves comme un abus de pouvoir et même un arbitraire, ce qui génère de nouvelles provocations, incivilités ou refus d'autorité. Un cercle vicieux, qui contribue à ce qu'on appelle la violence à l'école. Dans ce contexte, et si l'on en croit d'impressionnants chiffres officiels, les conseils de discipline tournent à plein, avec pour objectif quasi avoué de se séparer des éléments les plus incontrôlables, quitte à les remplacer par d'autres, par un système d'échange plus ou moins tacite entre établissements. Ce parti répressif révèle les impasses de l'école d'aujourd'hui, sa difficulté à trouver les modes de régulation et