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Libération
Éditorial

E-démocratie

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publié le 21 juin 2005 à 2h41

La mésaventure du blogueur putéolien n'a rien de nouveau ni d'exceptionnel hormis l'outil qu'il a employé pour commettre son prétendu forfait de lèse-majesté. De tout temps et en tous lieux, les potentats ont cherché à museler les enquiquineurs qui osaient proclamer que le roi est nu, au comptoir du bistrot, dans des pamphlets imprimés, sur des tracts tirés à la Roneo, sur les ondes de radios pirates, ou dans les bons vieux journaux.

Inversement, la démocratie britannique n'a pas attendu Internet pour inventer Hyde Park Corner, où tout un chacun peut, juché sur une caisse, haranguer les badauds. La différence, c'est que la blogosphère génère les enquiquineurs en nombres exponentiels. Et que, du haut de leur caisse électronique, ceux-ci s'adressent à la Terre entière. Tout citoyen devient potentiellement Voltaire (même si tous hélas n'en ont pas le talent, ni l'intelligence).

Cette démocratisation quasi sans limites de la liberté d'expression publique déstabilise les entreprises, les écoles, les notables locaux, à Puteaux et ailleurs ­ sans parler des mollahs iraniens ou des commissaires politiques chinois, qui imposent à leurs blogueurs surveillance et censure.

La loi doit certes punir la rumeur malveillante, la diffamation ou la menace. Le fait qu'un blog soit le fait d'un individu n'exonère pas des règles communes celui qui prétend jouer au média et informer ses concitoyens. (Et ne lui confère pas davantage de crédibilité a priori). Mais il est encore plus important que la lo