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Libération
Éditorial

Centrifugation

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publié le 27 juin 2005 à 2h44

Le non de gauche a du grain à moudre. Son combat contre les dérives libérales de l'Union va pouvoir donner toute sa mesure avec l'intronisation de Tony Blair, le plus europhile des Britanniques mais pas le plus socialiste, comme nouvel homme fort de l'Europe. Mais à écouter les nonistes, on sent que les têtes sont beaucoup moins aux affaires du continent. Et déjà tout à cette fameuse présidentielle qui vampirise la vie politique française. Qui pourrait porter en 2007 les couleurs du non de gauche ? Les prétendants se bousculent. Marie-George Buffet n'a pas caché son attirance pour représenter le «peuple de France». La Ligue communiste élève José Bové. Chevènement courtise Fabius, qui partage avec lui la même aversion pour un retour éventuel de Jospin. Comme Arnaud Montebourg, as des piques contre le Fabius, ministre des Finances des années 2000, qui a tourné la page. Pour ceux-là, le ralliement au non vaut blanchiment des dérives «sociales-libérales» d'antan. Ces ambitions à foison sont la richesse du cartel, mais aussi ses limites. Car si ne vient pas vite un projet fédérateur, c'est l'esprit de boutique qui menace. Mais l'exercice va être rude car le «refus du libéralisme» qui unit toutes les composantes est un mot d'ordre, pas un programme. Et passer de l'un à l'autre ne manquera pas d'aviver les tensions entre les tenants d'une gauche protestataire qui exclut de gouverner et les autres, obligés à un minimum de crédibilité pour persuader d'être l'alternative au sarkozisme