Le populisme religieux, partout à la fête électorale dans le monde arabo-musulman, ne pouvait pas être en reste en Iran, patrie de la révolution islamique. Mais ce n'est pas l'exigence d'un quelconque internationalisme clérical qui a poussé les électeurs iraniens à porter triomphalement à la présidence l'austère Mahmoud Ahmadinejad. Les urnes ont été utilisées pour exprimer une colère sociale, et même s'il y aurait beaucoup à dire sur la sincérité d'un scrutin sous contrôle étroit des mollahs, le résultat est tel qu'il traduit bien un mouvement de fond. Comme on dirait en d'autres lieux, c'est le peuple qui a adressé un message au(x) pouvoir(s), en dépit d'une mobilisation exceptionnelle en faveur du candidat «pragmatique» Hachémi Rafsandjani de tout ce que le pays compte d'élites intellectuelles, artistiques, économiques. Ce n'est pas l'Iran luttant contre l'obscurantisme religieux qui a gagné, ce pays dont on célèbre volontiers ici le courage. Bref, on aurait tout faux, le peuple iranien a choisi ceux qui lui ressemblent plutôt que ceux qui veulent ressembler à l'étranger. Pour autant, pas plus là-bas qu'ailleurs une majorité sociologique incontestable ne fait une vérité politique indiscutable. C'est la voie du repli nationaliste, de la militarisation du régime et de la glaciation des moeurs sur laquelle semble désormais engagé l'Iran, même si le pouvoir occulte du haut clergé devrait, au moins dans un premier temps, préserver les positions diplomatiques antérieures du rég
Éditorial
Colère sociale
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publié le 27 juin 2005 à 2h44
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